De l’IA pour optimiser les travaux des lignes électriques souterraines
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Avec sa solution PullAI, l’entreprise Omexom Atlantique Ingénierie promet des économies non négligeables sur les travaux d’enfouissement des lignes à haute tension et une réduction des émissions de CO2. Un atout alors que les événements climatiques multiplient les dommages sur le réseau de transport d’électricité.
105 817 : c’est le nombre de kilomètres de lignes à haute tension (63 000 V et 90 000 V) et très haute tension* (225 000 V et 400 000 V) déployées en France. Propriété de RTE, l’ensemble de ce réseau de transport achemine l’électricité depuis les grandes unités de production jusqu’à des transformateurs, aujourd’hui via des infrastructures essentiellement hors-sol et aériennes, les lignes enterrées ne constituant en effet que 6,6 % du maillage.
La multiplication, ces dernières années, des événements climatiques violents vient raviver le plaidoyer pour un enfouissement plus massif des infrastructures de transport d’électricité. Pour mémoire, la tempête Ciarán, fin 2023, a provoqué dans le Finistère (Bretagne, France) la mise hors tension de 13 lignes électriques haute et très haute tension et de 2 postes électriques d’une puissance cumulée de 11 MW. Un phénomène mondial qui oblige les opérateurs à se transformer, par exemple aux Etats-Unis.
100 milliards d’ici 2030
De fait, en France notamment, l’enterrement des lignes électriques gagne du terrain. « En dix ans, le nombre de nos chantiers de câblage haute et très haute tension en souterrain a été quasiment quadruplé. Certaines projections de marché à l’échelle de la France font état d’un investissement de 100 milliards d’euros pour RTE à horizon 2030 », affirme Sylvain Pejean, chef d’entreprise chez Omexom Atlantique Ingénierie (VINCI Energies), intégrateur de solutions clés en main dans le domaine électrique.
« Une proposition totalement inédite qui a fait ses preuves. »
L’augmentation de la demande de consommation électrique et le développement des sources d’énergies renouvelables vont nécessairement doper l’installation de lignes à haute et très haute tension, pour lesquelles l’enfouissement présente d’indéniables atouts : moindre exposition aux risques de dégradation accidentelle (aléa climatique), naturelle (usure) ou volontaire (vandalisme), coûts d’entretien et de maintenance de ce fait réduits, meilleur contrôle des flux.
Mais l’enterrement du réseau se révèle particulièrement coûteux, appelant d’importants chantiers et mobilisant des expertises spécifiques. « La géométrie des chemins de tranchée, le frottement, la lubrification, le poids du câble, la différence de diamètre entre le câble et la gaine vont avoir des impacts sur l’ingénierie et les chantiers, détaille Sylvain Pejean. Les câbles peuvent faire plus de 10 cm de diamètre et les tourets permettant de les livrer peser plusieurs dizaines de tonnes. Ces caractéristiques mécaniques obligent à sectionner les câbles en tronçons reliés par des chambres de jonction, ouvrages de génie civil en béton construits en fond de tranchée. »
Améliorer les calculs de tirage
Comment réduire le coût de travaux d’enfouissement contraints par la criticité technique d’installations requérant une sécurité et une fiabilité absolues ? La réponse la plus immédiate pourrait bien se trouver où on ne l’attend pas : dans l’intelligence artificielle.
Exemple avec les chambres de jonction. Leur coût, très élevé, atteint facilement 100 000, voire 150 000 €. En optimisant la distance entre celles-ci, on réduira leur nombre sur un tracé de ligne, ce qui aura un impact très intéressant sur le coût global des projets. « Aujourd’hui, explique Sylvain Pejean, les évaluations en matière de tirage des câbles reposent sur Excel, un outil qui n’est pas optimal et qui peut donner lieu à des écarts entre les calculs théoriques et la réalité. Avec, à la clé, un risque de dommages sur les câbles et des retards sur les projets. »
C’est là qu’entrent en jeu les algorithmes. Ceux-ci vont améliorer et fiabiliser les méthodes de calcul des itinéraires de câbles et, partant, réduire le nombre de chambres de jonction. Avec le soutien de Leonard, plateforme de prospective et d’innovation du Groupe VINCI, Omexom Atlantique Ingénierie a développé PullAI, un outil basé sur l’intelligence artificielle conçu pour prédire les efforts de traction des câbles entre les chambres de jonction.
« Il s’agit d’une proposition totalement inédite pour le marché. Actuellement au stade du développement, la solution a fait ses preuves. Forte d’un apport de données et de financements de la part de l’écosystème VINCI Energies, elle devrait pouvoir être commercialement déployée dans les douze à dix-huit mois. Pour un impact écologique important puisque la solution permet, en jouant sur le nombre de chambres de jonction, de réduire les émissions de CO2 de 200 tonnes par centaine de kilomètres de lignes », souligne Sylvain Pejean.
200 tonnes de CO2
C’est la réduction des émissions de dioxyde de carbone par centaine de kilomètres de lignes électriques permise par l’outil PullAI d’Omexom Atlantique Ingénierie.
*Les lignes haute tension (HT) et très haute tension (THT) sont désormais regroupées sous le nom de « haute tension B (HTB) », qui comprend les valeurs supérieures à 50 kV en courant alternatif.
14/02/2025