La nature a inventé le vol, la nage, a créé des écosystèmes intelligents, elle fabrique des matériaux résistants et non polluants… le tout sans générer de déchets. Le biomimétisme, source de transformation ?
« La nature fait bien les choses », dit-on communément. Et pour cause : avec 3,8 milliards d’années d’évolution, elle peut réellement être considérée comme le plus grand laboratoire de R&D existant ! Pourquoi alors ne pas s’en inspirer pour fabriquer des produits innovants et performants ?
Va prendre tes leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur
Ce principe, appelé le biomimétisme et théorisé par la scientifique Janine Benyus, séduit de plus en plus. Econome, la nature ne produit en effet pas de déchets et ne consomme pas d’énergie pour créer des cycles de production, au contraire de l’homme. En changeant simplement de paradigme, le vivant devient une véritable solution plutôt qu’une ressource à exploiter.
Avion, train et ventilation
Le biomimétisme a d’ores et déjà permis de régler des difficultés concrètes et d’accompagner la transformation de secteurs industriels entiers. Transports et construction présentent les exemples les plus connus, mais les secteurs d’activité ayant à tirer profit de l’observation de la nature sont nombreux.
Ainsi, Airbus a recourbé le bout des ailes de ses A350 suite à son observation de l’aérodynamisme des ailes de l’aigle des steppes. Grâce à ces « sharklets », les avions volent plus longtemps et économisent 4 % de kérosène.
Le nez du Shinkansen, le TGV japonais, s’inspire quant à lui de l’aérodynamisme du martin-pêcheur. Très rapide, il dépassait les normes acoustiques, d’autant plus lors du passage de nombreux tunnels, le changement brusque de pression de l’air causant des explosions sonores et une surconsommation d’énergie. En proposant d’imiter la forme du bec de l’oiseau, capable de plonger dans l’eau sans éclaboussures, un ingénieur ferroviaire féru de biologie a permis de diminuer le bruit, de réduire la consommation électrique de 15 % et d’augmenter la vitesse de 10 %.
Au Zimbabwe, l’Eastgate Building a été construit en s’inspirant du système de ventilation des termitières, permettant un système de climatisation naturelle utilisant très peu d’énergie, de 50 à 90 % de moins qu’un bâtiment classique.
Alors que l’homme doit atteindre une température de 500 °C pour fabriquer du verre, l’éponge vitrifiée (Euplectella) a des filaments qui ont les mêmes propriétés que la fibre optique tout en étant plus solides et fabriqués à température ambiante.
Ecologie industrielle
S’inspirer des formes et des procédés de fabrication ne représente qu’une partie de ce qu’est le biomimétisme. Un troisième niveau s’inscrit dans une démarche plus large en proposant de s’inspirer des écosystèmes.
La nature ne crée pas de déchets : ceux des uns deviennent une ressource pour d’autres. Appliqué aux activités humaines, en faisant en sorte d’utiliser les mêmes principes, cela s’appelle l’écologie industrielle et apporte l’idée d’économie circulaire, optimisant lesdits écosystèmes. « Va prendre tes leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur », conseillait déjà Léonard de Vinci à ses élèves.
15/05/2017